Presse et commentaires

Annie Brasseur : la géométrie sculptée


Rencontre avec l’itinéraire de l’artiste tournaisienne qui expose actuellement au cloître de l’Hôtel de Ville de Tournai.


Le mouvement guide son pinceau depuis les premières créations picturales : le geste impose une courbe, un élan, comme si la danse les lui inspirait. Puis la matière a pris place dans le parcours de la plasticienne, qui souhaitait donner corps à des lignes et traces fuguant sur le papier. L’objet s’est fait parure, mobilier, sculpture jusqu’au installations monumentales qui ont investi des lieux ciblés.
« Dès que je griffonne, je projette les formes et volumes dans le matériau, l’espace, confie Annie Brasseur. Les pièces sont réalisées en fonction de la teneur et de la résistance de l’acier, du bois, du caoutchouc, de la pierre. Il y a aussi ce désir de privilégier l’oscillation, l’imprévu, sans pour autant tenter l’impossible.»
En traversant l’exposition, qui trouve une place idéale en ce lieu méconnu, le visiteur est bercé par les sphères constituées d’anneaux géants. Les écrins tissés d’inox, ouverts, mobiles, sont une parfaite invitation au silence, à l’évasion intérieure. On les croit rigides, mais la souplesse les habite. Il suffirait d’une brise espiègle pour que l’aventure se saisisse de leur destin. A quelques pas, c’est l’acier ressort qui se plie, tel un ruban, au mouvement imprimé par l’artiste. La pierre bleue dans la pureté de sa structure, soutient l’envol et sa recherche contrastée. Le plein, le vide, le sombre, le reflet ? En écho du cosmos, l’imaginaire épouse le réel.
L’intérêt de ce travail artistique s’ancre dans l’étude de l’équilibre et dans celle de la rigueur. Netteté, géométrie, accord. Un pas plus loin, la chorégraphie invente un autre refuge, coquille ou vallon, où poser son bagage. Le temps de faire une halte à l’écart du tumulte, face au jardin. Le bois peut, lui aussi, convoquer le passant à la perspective, puisque toute présence peut faire corps avec elle.

Françoise Lison,

L’avenir, le Courrier Hainaut Occidental,

6 novembre 2020

Ecrire dans l’espace
Brasseur: le paraphe
L’alliance du métal ou de la pierre et du caoutchouc est la caractéristique des créations d’Annie Brasseur.
Contrairement aux apparences, ce n’est pas un mariage contre nature. Il s’agit plutôt d’une complémentarité, d’un dialogue entre les matières, l’une rigide, l’autre flexible.
Beaucoup de ses travaux sont des maquettes de ce qui devrait devenir éléments monumentaux. Le regroupement exposé montre une évolution constante tant au niveau des matériaux que de leur mise en formes.
Au départ d’une certaine raideur et, après être passée par un stade où la notion de sophistication atténuait parfois la pureté plastique des créations, Annie Brasseur aboutit maintenant à une rigueur esthétique indéniable.
Ce qu’elle inscrit au coeur de l’espace tient souvent de la gestuelle des calligraphies asiatiques. Une sculpture dessine dans l’air un mouvement graphique qui s’affirme à la façon d’un paraphe; qui stylise à l’extrême l’empreinte d’un corps dont il ne reste que l’essence. Ce que dit le métal peut être d’agression, de force ou d’élan; ce que dit le caoutchouc parle davantage d’alanguissement, de sensualité ou de repos.

Michel Voiturier, Courrier de l’Escaut, 25 05 04

Le travail d’Annie Brasseur est un bel exemple de tensions entre des matériaux semblables, mais séparés par des plans de rupture, créant une opposition entre la souplesse d’une matière et l’extrême dureté de l’autre. Dans le travail du métal, c’est la pureté géométrique qui s’impose dans un souci d’élégance formelle, où la complexité est présente sans s’imposer.

Bruno Lestarquit, Nord Eclair, 26 05 04

Enrubannée

Cernée d’aurore et de mutisme
me voilà méridienne
pour une autre évasion

M’arrive enfin l’errance
les yeux clos
jusqu’au très blanc du cœur

Dedans dehors
une brise espiègle
fait osciller la berce

Ronde la sphère
qui invite au voyage
sans casque ni ceinture

Un ruban déplie son parcours
je suis déjà bien loin
sur la piste solaire

Le temps de me rejoindre
en boule ou en écrin
l’enfance fait des siennes

Françoise Lison-Leroy, 18 octobre 2020

Pause sur notre existence

Architecte de l’infini
AB propose un commencement
qui jour à jour
s’invente s’investit s’ancre
Chaque œuvre danse sur le vide
rêve la perfection
et l’ensemble tisse le fil d’une grande cohérence
Nous voguons sur l’ellipse
Cosmos n’en finit pas de chercher l’équilibre
offre l’assise où s’abreuvent les oiseaux
Nous cernons la souplesse d’une noix
Longtemps le travail s’est penché sur le triangle
et le cercle Une douceur griffée
Peu à peu l’épure a limé les angles
Si toute démarche artistique questionne le temps
celle-ci l’arrête dans l’instant
un banc où les gouttes de l’avant de l’après
restent en suspension
Le dernier nuage aspire les fracasseries du quotidien
et nous sommes heureux
d’y abriter nos mots .

Marianne Kirsch, Septembre 2020

Exposition Sculptures dans la ville, Namur, été 2009 

PDF

La Dernière Heure, la Libre Belgique, Vers l’Avenir, PubliNamur, 04/07/2009

A proximité des « Jings » et alignés dans la même direction que la célèbre cathédrale, les 4 bancs « Prisme » d’Annie Brasseur épatent à la fois par leur discrétion et leur côté aérien. Un beau trompe- l’oeil aussi pour les passants qui voient dans ces « Prismes », en résine, des sculptures en pierre.

Raphaël Meulders, La Libre Belgique , 14 07 2008

Le banc d’Annie Brasseur, comme ses bijoux de caoutchouc et d’acier, allie le noir et le métallique, le rectiligne dur et les courbes élancées, synthèse du rationnel et du sensuel.

Michel Voiturier, Courrier de l’Escaut, 25 05 04